Interview d’Aleksandr Surenovich Dronov
Interview d’Aleksandr Surenovich DRONOV (Champion du monde I.C.C.F. 2007) réalisée par Pierre RUIZ VIDAL
Aleksandr Surenovich DRONOV
– Veuillez accepter en premier lieu nos félicitations pour ce titre de champion du monde.
– Merci beaucoup.
– Pouvez-vous nous dire quelques mots de vous et de votre carrière échiquéenne ?
– J’ai commencé à jouer par correspondance en 1988. J’ai gagné tous les tournois auxquels j’ai participé, à l’exception de la finale de l’Olympiade 13 où, au premier échiquier, j’ai dû me contenter de la troisième place à un demi-point de Fritz Baumbach et Roman Chytilek.
– Où habitez-vous en Russie ?
– J’habite Moscou où je suis né.
– Les changements politiques et économiques intervenus en Russie (URSS) au début des années 1990 ont-ils eu une influence sur vous ?
– Jusqu’à présent, absolument aucune.
– Quelle comparaison pourriez-vous faire entre les joueurs par correspondance russes et les étrangers ?
– Je pense que les joueurs étrangers ont des ordinateurs plus puissants.
– Quels grands joueurs ont pu vous inspirer ?
– Aucun. J’ai une pensée cependant pour mon ami Vyacheslav Lyukmanov qui m’a encouragé à persévérer à un moment où je voulais cesser de jouer par correspondance.
– Si vous en aviez le pouvoir, qu’aimeriez-vous changer dans le jeu par correspondance aujourd’hui ?
– Je réduirais considérablement le temps de réflexion alloué pour jouer les parties.
– Quelle fut votre partie la plus difficile dans ce championnat du monde ?
– La dernière partie, décisive, contre Bücker fut la plus difficile et la plus intéressante.
– Que pensez-vous du fait que sur le forum internet de l’ICCF, plusieurs forts joueurs (Langeveld, Hamarat et Timm) sont convaincus que le gain qui vous a été accordé à l’arbitrage contre Rune Holmberg est complètement fantaisiste et que vous n’auriez pas gagné cette partie contre l’un d’entre eux ?
– Ça s’arrangera avec le temps. Tout change. Les ordinateurs sont de plus en plus puissants, les programmes d’échecs jouent de mieux en mieux… Après coup, il est toujours facile d’affirmer que les blancs auraient pu résister à la très forte pression exercée par les noirs dans cette position difficile. Dans le même esprit on peut affirmer aussi que dans quelques années, les noirs égaliseront très facilement après 1.e4, pourquoi pas ? Voici le message que j’ai reçu du directeur du tournoi, accompagnant la décision de l’arbitre :
« Votre partie contre Holmberg a été arbitrée par un grand maître ICCF. Sa décision est : Holmberg - Dronov 0-1.
1) Les noirs sont beaucoup mieux.
2) Vos analyses sont correctes et mènent à des positions où les noirs ont un net avantage. »
Par conséquent, si une chose est claire dans cette affaire, c’est que l’arbitre (tout comme moi), n’a eu aucun doute sur l’issue de cette partie et c’est pourquoi il m’a accordé le gain.
Concernant le classement final de ce championnat du monde, je voudrais signaler le fait remarquable qu’après avoir vaincu son compatriote Ingo Firnhaber, Jürgen Bücher a joué un tournoi double rondes de moindre importance et perdu ses deux parties contre le même adversaire.
– Vous préparez-vous à jouer un autre tournoi ?
– Mais certainement ! Je compte défendre mon titre.
– Quel avenir voyez-vous pour le JPC ?
– Le futur du jeu par correspondance se trouve exclusivement sur serveur.
– Que signifie Amici sumus pour vous ?
– C’est la meilleure devise qu’on ait pu trouver.
– Vous êtes-vous fait des amis au cours de vos tournois ?
– Oui.
– Avez-vous des livres favoris ?
– Mon système d’Aaron Nimzowitsch et Zurich 1953, L’Art du combat aux échecs, par David Bronstein.
– Quel est selon vous le trait de caractère essentiel qui vous a permis de gagner ce tournoi ?
– Une très solide confiance en moi.
– Comment préparez-vous vos parties avec les noirs ?
– Je recherche toujours des positions avec du contre-jeu. Je joue toujours pour gagner.
Le Courrier des Echecs (Octobre 2010)